Réflexions autour de la 5ème Conférence régionale de PAI
Pan Africa ILGA (PAI) a tenu sa plus grande conférence régionale africaine – pour et par la communauté LGBTIQ+ – du 27 au 31 août 2021. La conférence a réuni plus d’un millier de représentants venant des cinq régions du continent africain, des Amériques et d’Europe.
Le thème “Revendiquer notre passé – Définir notre futur”, a abordé les principaux problèmes émergents affectant la communauté LGBTIQ + sur le continent africain. Parmi d’autres sujets connexes, cela incluait l’intersectionnalité des luttes, la dépénalisation, le financement des communautés LGBTIQ+, les droits religieux et LGBTIQ+.
« PAI organise des conférences régionales biennales, qui sont très importantes pour le rôle de plaidoyer que l’organisation joue sur le continent africain. Non seulement les forums eux-mêmes sont importants pour déterminer les apprentissages et la direction que le réseau devrait prendre, mais la communication, l’attention médiatique et le réseautage qui découlent de ces événements sont également inestimables » Nate Brown, le directeur exécutif de Pan Africa ILGA a mentionné lors de son discours d’ouverture à la conférence.
L’une des principales réflexions de la conférence a été la criminalisation continue de la communauté LGBTIQ+ au Ghana. Lors d’une séance d’hommage, les principaux.ales militant.e.s ghanéen.ne.s ont réfléchi aux événements récents dans le pays et aux réponses qui peuvent y être apportées.
La police ghanéenne a arrêté 21 membres de la communauté LGBTIQ+ en mai 2021 pour avoir assisté à un événement communautaire. Début août, un projet de loi a été déposé au parlement pour restreindre davantage les droits des personnes LGBTIQ+. Cela inclut la criminalisation des activités de défense des droits LGBTIQ+, l’obligation de signaler les personnes « suspectées d’homosexualité », la promotion de la thérapie de conversion et l’imposition de peines de prison plus sévères lors des condamnations pour homosexualité.
La santé mentale de la communauté LGBTIQ+ sur le continent africain est un enjeu émergent qui est ressorti fortement durant la conférence. Les conférenciers ont fait le constat que la criminalisation continue de la communauté LGBTIQ+ sur le continent africain a eu pour effet que de nombreux militant.e.s et défenseur.se.s sont touché.es par l’augmentation globale des violations des droits humains.

« Il y a cette idée ou croyance répandue parmi les Africain.e.s concernant la santé mentale. Nous avons été conditionné.e.s à penser que nous n’avons pas de dépression ou de problèmes de santé mentale, car ce sont des « maladies de Blancs ». Et en tant que tel, cela a contribué au fait qu’en tant que communauté queer (et trans en particulier) et en tant qu’Africain.e.s, nous nions que nous souffrions peut-être de ces mêmes maux. » Barbra Wangare, directrice exécutive de East Africa Trans Health and Advocacy Network (EATHAN) et membre sortant du conseil d’administration de PAI, a mentionné lors d’une session sur la santé mentale.
Il est établi que les personnes LGBTIQ+ ont été faites le bouc émissaire de la propagation du VIH/SIDA et du COVID-19. La communauté LGBTIQ + a dû endurer la pandémie, une santé qui se détériore et une lutte continue contre la stigmatisation et la discrimination. Nous avons perdu de nombreuses vies, certaines très proches et chères à nous, mais nous sommes toujours là, et nous existons. Notre engagement à relever les défis d’un paysage mondial en évolution rapide et à persévérer face à l’incertitude est plus fort que jamais. » Nate Brown a déclaré lors de la conférence.
La conférence comportait quatre sessions plénières et six sessions satellites chaque jour. Plus de 109 intervenant.e.s issus des cinq régions du continent africain y ont pris part. Nous étions déterminé.e.s à faire de la conférence une conférence panafricaine unique.
Avec plus de 1 000 participant.e.s, la conférence a pu briser l’isolement que beaucoup de nos membres ont connu en raison des confinements résultant du Covid-19. Ce qu’il est important de retenir, c’est que notre communauté LGBTIQ+ est marginalisée dans certains pays et que le Covid-19 a accentué cette marginalisation.
La conférence a été soutenue par la Fondation Baring ; la fondation Astraea; Foundation for a Just Society (FJS) et COC Nederland à travers le programme Pouvoir des Fiertés.
